Les mots sont la meilleure des armes à mon sens, quel que soit le but recherché. Faire mal, aimer, soutenir, dessouder, avant de pouvoir passer au concret les mots sont au cœur de tout. Même dans un Pendant, même dans un Après, un mot juste fait une belle scène, un souvenir fort, un moment marquant.
Certains se retournent le cerveau pendant des heures pour trouver le bon mot, approprié, exact, souvent trop recherché pour la situation mais qui fait plaisir à choisir, alors que parfois, un bon "ta gueule connasse" ferait parfaitement l'affaire. Oui, je sais, ce n’est pas très élégant, ce n’est même pas très profond comme réflexion, et pourtant, cette phrase est souvent la plus pertinente.
Parce que si vous êtes friand de mots, les autres aussi, mais pas toujours dans la même logique que vous.
Certains utiliseront des petits mots perfides et mesquins pour marquer leur mécontentement alors que ce n'est ni le lieu ni le moment, parce que de toute façon ils ne sont jamais contents de rien et font payer à d'autres leur mal-être personnel. Vous répondez sur un ton léger, parfois vous ne répondez pas, mais avouez quand même qu’un bon « ta gueule connasse » vous aurait fait du bien, non ?
D'autres se serviront de vos propres mots pour les retourner contre vous, en les sortant du contexte, en les enrobant d'autres mots que vous n'avez jamais utilisé et qui changent complément la donne, peut-être par plaisir de jouer les marionnettistes et d'avoir le (faux) sentiment de toute puissance en faisant et défaisant les liens existants, peut-être juste parce-que leur vie est tellement morne et triste qu'ils essayent de ne pas être seuls dans la fosse de leur vie merdique. Et vous prenez ces gens de haut en ne répondant que par le mépris, parce que vous êtes droit dans vos bottes, mais avouez que là encore, qu’un bon « ta gueule connasse » vous aurait fait du bien, non ?
Quelques-uns encore utiliseront des mots à double sens, à double tranchant même, pour vous perdre dans un brouillard de doute, pour ne plus vous laisser l’opportunité d’interpréter correctement un malentendu, pour envenimer une situation déjà tendue, pour se faire le malin plaisir de gagner un jeu qu’ils sont seuls à jouer, pour simplement vous faire mal, ou le plus souvent juste comme ça, parce que cette personne a décidé qu’elle ne vous aimait pas. Et là, vous pleurez en silence sur une solitude toute nouvelle, mais vraiment, si vous aviez le courage, vous lui diriez de fermer sa gueule à cette connasse.
Ces derniers temps, visiblement la tendance s’oriente vers une dernière catégorie, presque ma préférée parce que la plus présente dans mon entourage résidentiel (ca fait bien dit comme ça hein)… Ceux qui utilisent des mots sans même avoir la certitude qu’ils iront avec la situation, mais qui n’hésitent pas à y aller au culot et à parler, parler, sans vraiment savoir. C’est fou cette capacité des gens à extrapoler et à utiliser plein de mots comme ça, en l’air, mine de rien. (Je suis admirative, moi qui peine si souvent à trouver le mot juste, de voir la créativité dont ils font preuve, c’est fou)
Vous, vous gardez cet idiot espoir que les mots aient été mal retranscrits, mal compris, mal entendus, mais au fond, vous savez que vous venez de rayer une page entière de votre vie, vous savez qu’il y a vraiment sur Terre des gens qui ne vous veulent pas de bien et qui ne se contentent pas de vous ignorer, vous savez que les gens sont cons, et vous êtes partagé entre votre envie de pleurer de tristesse et votre rage de ne pas pouvoir cracher votre hargne à la figure de toutes ces connasses.
J'écris souvent sur les mots, qui sont très importants pour moi. Certains me rendent heureuse, d'autres m'inquiètent ou me font peur, et je trouve cela fascinant de pouvoir agir autant avec seulement quelques lettres. Fascinant, ou triste, selon les cas. Mais rassurez-vous, ce n’est pas grave. Enfin si, les gens sont cons et ca c’est dommageable, mais encore une fois, je vais utiliser mon expression préférée (après « c’est trop chouette ! ») : soyez droite dans vos bottes, le reste importe peu. Tout le monde passe à la caisse à la fin.
PS : Il y a évidemment tous les autres, ceux qui vous aiment, qui vous apprécient ou qui vous on-n'a-pas-trouvé-le-mot-encore, avec qui vous échangez des mots doux, complices, rigolos ou chouettes, mais comme dirait Zazie
« On n'écrit pas
Sur ce qu'on aime
Sur ce qui ne pose pas
Problème
Voilà pourquoi
Je n'écris pas
Sur toi
Rassure-toi »