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  • Photo du rédacteurMlle Miroir d'Equinoxe

Bien plus que cela...

Votre chemin de vie n'est que très rarement linéaire. Il y a des détours, des cahots, des aspérités, il y a même parfois eu un gros accident, sur lequel vous ne souhaitez pas vous étendre, dont vous ne voulez même pas parler en fait, qui vous fait monter les larmes aux yeux dès que vous évoquez le sujet même intérieurement ou quand les autres conducteurs ont la non-délicatesse de revenir sans cesse au sujet d'une manière ou d'une autre. C'était avant... C'était après... Si vous avez autour de vous des gens égoïstes et malveillants ou simplement bêtes, vous aurez même eu l'impression que tout était de votre faute et que finalement il fallait assumer les conséquences de vos actes. Même si ces actes n'étaient pas les vôtres. Vous travaillez dur pour continuer d'avancer, vous filez droit sur l'autoroute de votre avenir, et vous laissez loin dans le rétroviseur ce carambolage qui a fait souffrir votre âme. Au hasard de vos rencontres, vous racontez plus ou moins l'accident pour expliquer l'aile froissée, pour expliquer pourquoi la portière s'ouvre mal, mais le plus souvent, vous taisez ces quelques kilomètres pour ne parler que des magnifiques paysages que vous avez admirés en amont ou des refuges si bucoliques que vous avez découverts en aval. Plus vous avancez, et moins vous pensez à cette singulière étape, ou plutôt moins l’évocation de celle-ci n’est douloureuse. Il s’agit d’un moment, mais qui ne résume en aucun cas les milliers de kilomètres de votre vie. Vous ne souhaitez pas particulièrement en parler, sauf par moment où le souvenir se fait trop saillant pour l’ignorer et où déverser votre histoire vous fait du bien au cœur, lorsque le garagiste vous change certaines pièces ou lorsque des panneaux vous rappelle cette fameuse étape.


Et puis un midi, alors que vous bavassez avec quelques routiers faisant route avec vous, se pose la question de l’état de votre portière. Et brièvement mais spontanément, vous expliquez. Sans larme ni chagrin, sans culpabilité ni haine. Il suffit de quelques mots pour raconter, et vous constatez à quel point cela vous fait du bien de pouvoir résumer aussi courtement (oui, courtement, tout à fait) ce moment.


Parce que pouvoir le résumer sans passion, c’est la preuve que vous avez su redonner à ce moment la place qui lui revenait réellement : un moment, tragique sans aucun doute, mais ne constituant en aucun cas la totalité de ce que vous êtes. Vous êtes bien plus que cela. Bien plus fort et bien plus complet que ce bout de chemin dévasté.


Vous avez parcouru un chemin bien plus difficile après cet accident et vous êtes passé par une étape autrement plus importante : la résilience.


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